L'argot des prépas
Comme tout microcosme, les prépas ont un vocabulaire qui n'est pas
compréhensible par les non-initiés. Le voici !
Les variétés de prépas
- Taupe: prépa scientifique, parce que ses élèves, dits taupins,
sortent peu et qu'ils s'abîment les yeux à force de contempler des énoncés. On
distingue parfois la taupe (spé) et l'hypotaupe (sup).
- Épices: prépa commerciale, pour devenir épicier, donc.
- Khâgne: prépa littéraire, comme si rester trop longtemps assis à
lire des livres faisait des genoux cagneux. À proprement
parler, la khâgne est la deuxième année de prépa; la première est l'hypokhâgne.
- CPGE: classe préparatoire aux grandes écoles, ce qui inclut toutes
les variétés de prépa post-bac. Il existe aussi des prépas plus loin dans la
scolarité: prépas agreg, prép-ENA, etc.
Argot des taupes
- X: École Polytechnique, parce que son logo a longtemps fait
figurer deux canons croisés (et la devise « Pour la patrie, les sciences et la
gloire »).
- 3/2: élève de spé qui fait sa deuxième année de prépa, dans l'idée
qu'il cherche à intégrer l'X entre la fin de sa première année et la fin de sa
deuxième année:
X dX = 3/2. Les épiciers et les khâgneux disent « carré » ou « khârré ».
- 5/2: élève qui redouble sa spé car
X dX = 5/2.
Les épiciers et les khâgneux disent « cube » ou « khûbe ».
- 1/2: on dit aussi « intégrer en 1/2 » pour un élève qui réussit un
concours après une année de prépa:
X dX = 1/2.
C'est évidemment très rare. L'école
intégrée est alors, en général, Ulm.
- 7/2: autrefois, certaines prépas laissaient des élèves
particulièrement motivés faire une troisième spé. Ce n'est plus possible
aujourd'hui — ce qui n'empêche pas quelques élèves de repasser les
concours comme candidats libres après une année d'école ou d'université. En
revanche, cela existe toujours dans les prépas littéraire; un tel élève est un
bica (pour « bicarré », deux fois carré), il bicate.
- Bizuth: élève de sup.
- Bourriner: travailler sans relâche.
- Colle ou Khôlle: interrogation orale, d'une heure, par
groupe de trois, en sciences; d'environ un quart d'heure en français et en
langue. Le nom est peut-être relié à l'expression « Tu me poses une colle »,
puis déformation orthographique sur le modèle de la « khâgne ».
- Cothurne: élève qui partage sa thurne avec un ou deux autres
élèves.
- Pale: une composition → compale → pale, c'est ce que
l'on appelait au lycée un contrôle, et que l'on appelle aussi un DS (devoir
surveillé) ou DST (devoir sur table), par opposition au DM (devoir à la
maison).
- Pipo: démonstration fort douteuse.
- PTBD (« passe ton bac d'abord »): lycéen.
- Quessstion: manière de signaler au professeur que l'on aimerait
bien lui poser une question, alors qu'il reste face à son tableau sans voir
une main levée.
- Se shiétzu: rater lamentablement.
- Ssspoir: interjection qui souligne l'envie que ce qui vient d'être
dit se réalise.
- Strasss: administration.
- Thurne: chambre d'internat ou petite salle de khôlle.
- Torscher: réussir avec brio.
- Trivial: qui découle immédiatement des définitions.
- Trivialiser: résoudre par un argument qui ramène la question à un
problème bien connu ou trivial.
- Z: élève chargé d'établir le colloscope (calendrier des colles),
lorsque ce n'est pas un professeur qui s'en charge.
Les termes suivants ne sont plus usités:
- Khrâsss: interjection qui dévalue ce qui vient d'être dit.
- Khuîsss: se rapporte à l'acte d'amour.
Expressions locales à des lycées
- Couloir de la mort : couloir du lycée Saint-Louis caractérisé par
un enfilement de thurnes à khôlles.