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Pour une
expérience
visant à étudier la distraction due au téléphone, une université américaine a
demandé à un clown de traverser son campus sur un monocycle.
Les étudiants passant sur le campus et ayant croisé le clown ont ensuite été
interrogés pour savoir s'ils l'avaient remarqué.
|
Avez-vous vu quelque chose d'inhabituel ? |
Avez-vous vu le clown sur un monocycle ? |
Marche seul |
35% |
50% |
Marche seul en écoutant de la musique |
35% |
60% |
Parle avec un ami |
60% |
70% |
Parle au téléphone |
8% |
25% |
La conclusion immédiate, c'est que parler au téléphone diminue de manière
drastique l'attention que l'on porte à son environnement. En France,
téléphoner au volant est interdit, sauf à utiliser un kit mains libres; il est
vraisemblable que même avec un tel appareil, téléphoner en conduisant crée un
vrai risque pour soi et pour les autres. Le problème du téléphone en voiture
n'est pas seulement mécanique (une main occupée à tenir le téléphone), il est
lié à l'attention que l'on porte à son environnement.
Cette étude offre d'autres enseignements tout aussi intéressants:
- Les étudiants déambulaient sur un campus universitaire américain
(donc grand), dans lequel on peut supposer que le paysage est rébarbatif et
les chemins plutôt longs et bien connus. Dans ces conditions, en marchant seul
on rentre en soi et on devient moins attentif que lorsque l'on discute avec
quelqu'un. Inversement: si l'on a besoin de réfléchir à un sujet, mieux vaut
se concentrer seul; et seulement si cela n'aboutit pas, en discuter avec un
partenaire.
- Écouter ou non de la musique ne change rien à l'attention que l'on
porte à son environnement (toujours dans les conditions de l'étude). Une
interprétation possible est qu'écouter de la musique demande autant
d'attention que de réfléchir. Toutefois, on peut aussi faire l'hypothèse
inverse: la musique diffusée n'est pas réellement écoutée, elle est seulement
là pour plonger l'auditeur dans une atmosphère familière. Certaines personnes
ont en effet plus de mal que d'autres à faire abstraction de l'environnement;
s'en couper par le biais de morceaux bien connus leur permet de rentrer en soi
plus facilement.
- À première vue, les statistiques semblent dire qu'un clown sur un
monocycle n'est pas quelque chose d'inhabituel. Néanmoins, l'esprit des
personnes interrogées est occupé par des pensées ou des échanges verbaux; dans
ces conditions, peut-être que l'attention accordée à l'environnement agit
comme un filtre: une partie silencieuse du cerveau catégorise les événements
extérieurs selon qu'ils doivent ou non tirer la personne de ses pensées, par
exemple selon qu'ils représentent ou non un danger. Le clown peut avoir été vu
et filtré car pas assez important pour venir perturber d'autres pensées. Mais
si cette information était venue jusqu'à la conscience, il aurait été
répertorié comme un événement inhabituel.
La psychologie expérimentale est un domaine passionnant, qui révèle bien
souvent des aspects inattendus des comportements humains !
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